Avortement au Cameroun, si on prenait le risque?

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L’avortement au Cameroun comme dans la plupart des pays africains est illégal sauf en cas de viol ou de nécessité médicale avéré.

Cependant dans les faits, c’est 25% des décès maternels qui sont causés par les complications d’un avortement à risque. (Source : la société des Gynécologues et obstétriciens au Cameroun en abrégé SOGOC). Ce qui veut dire que malgré les interdictions, chaque année de centaines de femmes conscientes du risque encouru par des avortements illégaux décident quand même de le faire.

Famille 2.0 pour cet article a pris le témoignage de deux mamans volontaires : « Anne » et « Kate » (noms modifiées) et aussi  des informations puisées dans un groupe Facebook destiné aux méthodes d’avortements naturelles (avortements et méthodes naturelles pour y réussir) et sur les sites passeport santé.net & l’OMS

Anne

«  Je me suis retrouvée enceinte à l’âge de 18 ans. Je devais composer mon examen de  probatoire et ce n’était pas le bon moment. J’en ai parlé à l’une de mes amies qui m’a conduite dans un centre de santé de la place. J’ai payé une somme de 35 000 FCFA environ au médecin et en quelques minutes, tout était bon. Est-ce que je le regrette ? Pas vraiment. Au début j’en ai beaucoup pleuré. Mais avec le temps, je pense que j’ai fait le bon choix  pour moi. J’ai pu terminer mes études, avoir un travail et d’autres enfants. Cela m’a aussi servi de leçon : j’ai été plus prudente après »

Kate

« J’avais 35 ans mère de quatre enfants. Mon époux et moi ne voulions plus d’autres enfants donc j’ai été placé sous stérilet. Un mois, je constate que j’ai un retard. Naturellement je ne m’inquiète pas. Nausées, vomissements, je fais quand même le test et il est positif.  La décision est vite prise. J’appelle mon gynécologue et je lui dis que je veux avorter. Etant donné que cette pratique est illégale, les médecins ne notent rien dans un carnet. C’est comme si cela n’avait jamais existé. C’est après l’acte que le regret s’est installé. Je n’avais personne à qui parler, mon époux ne comprenait pas pourquoi je me lamentais. J’ai même fait une dépression. Aujourd’hui ça va mieux. Si j’avais su, je ne l’aurais pas fait. »

Avortement : pourquoi en arrive-t-on là ?

Que ce soit ici ou ailleurs dans le monde, les raisons pour lesquelles une femme peut décider d’avorter ne varient pas.

  • Le manque d’éducation sexuelle
  • La pauvreté
  • Le sentiment de ne pas être prêt
  • L’abandon par le papa
  • La pression familiale
  • L’envie de continuer ses études etc.

Ce que l’on remarquera aussi c’est qu’il ne s’agit plus seulement d’une décision prise par des filles inconscientes, jeunes, immatures. Mais aussi par des adultes matures, nantis qui ne veulent simplement pas avoir un enfant au moment T.

Comment les femmes le font-elles ?

avortement médicamenteux

Dans les faits tels qu’énoncés par le site passeport santé.net, un avortement sécurisé ne comporte pas plus de risques qu’un accouchement et n’augmente pas le risque de stérilité. Lorsqu’on parle de sécurisé, il s’agit là :

  • D’un médecin formé
  • Un cadre approprié et sain (hôpital)

Anne 

«  Je réside à Bépanda, à l’époque, je me suis rendue dans un centre de santé recommandé par une amie qui l’a fait. J’avoue le matériel médical laissait à désirer. Tout était tellement sale. Un médecin ? J’ en doute. Par contre une lignée de femmes à l’entrée, un portail en aluminium. Ce qui a eu pour effet de me rassurer et malgré l’anxiété, tout s’est bien passé  » Déclare t-elle.

Kate

«  Chez moi c’était une grande clinique à Bonapriso. Je ne pourrais la mentionner car jusqu’à présent je garde le même gynécologue. Tout s’est bien passé. Conditions d’hygiènes excellentes, échographie, matériel adéquat. Très loin du pire que l’on peut imaginer. »

En fait, il faut savoir que d’après l’OMS, un avortement ne peut s’effectuer que pendant les 14 premières semaines de grossesse et il existe deux possibilités :

avortement chirurgicale
  • L’avortement médicamenteux : qui peut se faire chez soi en compagnie d’une personne ou dans un hôpital. Il ne peut se faire que jusqu’à la 9e semaine d’aménorrhées. Les médicaments recommandés ici sont la mifépristone et le misoprostol.
  • L’avortement chirurgical ou par aspiration : qui doit absolument se faire à l’hôpital jusqu’à la 14 e semaine sous la conduite d’un médecin formé et qualifié.

Pour l’avortement médicamenteux, la mifépristone n’est pas disponible légalement  au Cameroun.

 Par contre certaines associations internationales tels que Women on web offre la possibilité de se les faire livrer contre une somme de 80 euros.

Quant  à l’avortement par aspiration, d’après le témoignage de ces deux dames et de plusieurs autres femmes dans un groupe Facebook, certaines cliniques le pratiquent.

Il existe aussi d’autres méthodes dites naturelles. Pour avoir plus d’éléments sur ces méthodes, le groupe Facebook : avortement et méthodes naturelles pour y réussir. Environ 13 000 membres.

Les méthodes prescrites : le paracétamol, le nescafé + citron, le miel, les feuilles d’orangers. Autant de méthodes prescrites par d’autres vendeuses sans accord préalable des médecins mais très souvent la cause de plusieurs décès.

Conséquences 

Comme il a été dit plus haut loin des imaginaires que l’on a pour la plupart du temps, l’avortement sécurisé ne rend pas stérile. Certes des risques existent mais ils se situent entre 1% et 4%.

Par contre non sécurisé, les risques de décès et de complications sont très élevés d’où ce taux de décès allant jusqu’à 25%.

Hormis les conséquences physiques, les conséquences sont aussi psychologiques : dépression, crises d’angoisse. Cependant il faut bien l’admettre comme Anne l’a dit que tout le monde ne réagit pas de la même façon. Pour certaines, la sensation de libération, la joie de pouvoir continuer sa vie peuvent dépasser la tristesse.

Quelles solutions adopter ?

  • Légaliser l’avortement ? Un peur que le taux d’avortement augmente.
  • Restreindre les mesures ? Une augmentation du taux de décès.
  • Sensibiliser ? Oui. Mais quelle est la manière adéquate ?.

Autant de questions en suspens …… Et vous ? Quel est votre point de vue par rapport à l’avortement ?

Lire l’article : parlons de nos fausses couches et nos avortements .

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4 Commentaires

  1. L’avortement reste et demeure un sujet très tabous sur le continent Africain. Il est cependant nécessaire de briser les barrières. Pour ou contre qui sommes – nous pour juger, seul l’épanouissement et le bien-être de l’individu doit être mis en exergue.
    Cependant il plus que urgent d’éduquer la population sur le sujet.

  2. L’avortement reste et demeure un sujet tabous sur le continent africain. Cependant il est nécessaire de briser la glace via l’éducation. Pour ou contre l’avortement qui sommes nous pour juger ?
    Seul l’épanouissement et le bien-être de la femme ou la jeune fille doit être mis en exergue.

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