« Papa, j’ai un petit ami ! Maman, je vais chez mon petit ami. » Ce n’est peut-être pas une phrase que vous êtes prêts à digérer comme de nombreux autres parents africains. Surtout lorsque cela vient de votre fille. Car aborder le sujet de petit ami avec son ado peut se révéler très compliqué.
Protecteurs que vous êtes, peut-être souhaitez-vous sûrement que vos enfants atteignent un âge mature avant de songer à avoir un copain ou une copine.
Cependant, il est important d’en discuter avec vos enfants. Connaître leur état d’esprit sur le sujet de petit ami , leur donner votre avis et leur prodiguer des conseils ceci avant même qu’ils ne l’envisagent .
Petit(e) ami(e) : sujet encore tabou entre parents et ado en Afrique
En Afrique et malgré l’émancipation des enfants à travers les réseaux sociaux, le sujet est encore tabou. Ceci s’explique simplement par l’éducation puriste reçue.
» La seule fois où ma mère a abordé la question de sexualité avec moi, c’était pour me demander de rester vierge jusqu’au mariage ». Déclare Anette, maman de Caroline âgée de 15 ans.
Aborder le sujet de petit ami avec son ado reste difficile et demande de la méthode.
Si vous êtes dans ce même carcan, n’ayez pas peur ! Car beaucoup de parents comme vous ont encore et toujours du mal à parler de relation amoureuse/sexualité avec leurs enfants. Certains au lieu d’en parler passent immédiatement à la pratique du test de virginité chez leurs filles.
Vos paroles, vos conseils les rassureront et leur donneront la confiance d’affronter la vie en votre absence. Ainsi, face à un garçon, votre fille sera plus sereine et saura quoi faire et comment réagir. Bien plus, elle viendra sans difficulté se confier à vous sur ses rencontres etc.
Voici quelques astuces pour aborder la question :
- Parlez de vos premiers amours : n’ayez pas honte de parler de vos premiers amours, de vos déceptions. C’est souvent une façon pratique de briser la glace et d’amener votre enfant à voir en vous un humain. Il se dira si maman a vécu ça, alors il peut me comprendre.
- Demandez ensuite à votre enfant son point de vue par rapport à la question: Comment voit-il les choses ? A t-il déjà été amoureux? Comment cela s’est-il déroulé? Y a t-il un garçon ou une fille qui l’attire en ce moment ?
- Parlez de sexe avec lui comme à un adulte : dites-lui ce que vous souhaitez tout en mentionnant que vous ne le forcez pas à faire ce que vous voulez. Parlez-lui de la sexualité, ses bienfaits, ses conséquences négatives, des responsabilités que cela engage. Vous pouvez avoir envie de ne leur montrer que la partie négative! Mais cette façon de faire montrera clairement que vous êtes partial .
- N’oubliez pas les méthodes contraceptives : ne serait-ce pas l’encourager? Préféreriez-vous qu’elle rentre avec une grossesse? L’ignorance n’a jamais été un atout. Surtout que ses camarades en parlent sûrement. Pouvez-vous garantir de la véracité de leurs propos? Mieux vaut que l’information vienne de vous.
- Terminez pas un message d’ouverture : qui laisserait comprendre à l’enfant que vous êtes là s’il en a besoin. Surtout que vous ne le jugerez jamais.
Nb : à ne surtout pas faire
- Ne soyez pas dans la position du dictateur : celui qui vient ordonner la virginité jusqu’au mariage, qui se contente de faire la liste de tous les MST du monde. Loin de là, ceci va effrayer votre adolescent qui n’aura plus envie de se confier à vous.
Comment ont-ils réagi lorsqu’ils ont su que leurs enfants avaient un petit ami?
Il arrive que ce soit le fait de découvrir que votre enfant ait déjà un petit ami qui vous ai amené à vous poser la question.
Famille 2.0 a interrogé deux mamans sur leurs réactions.
Madame Louise
» Ma fille n’avait que 13 ans lorsque j’ai découvert par hasard une lettre d’amour dans son cartable! Sincèrement j’étais choquée.
Je voulais la bastonner, mais je me suis rappelée que moi-même j’ai eu mon premier béguin à 12 ans. Quand elle est rentrée, j’ai fait comme ci je ne savais rien et j’ai commencé à lui parler de mon premier béguin. C’est elle qui m’a montré la lettre. Je lui ai dit que pour moi, elle était encore bien jeune et avait tout son temps . Elle m’a écouté . «
Maman Thérèse
» Un soir, j’ai surpris Inés, ma fille de 15 ans dans un coin au quartier avec un garçon. Je l’ai tiré par les cheveux et je l’ai ramené à la maison. J’ai dit à son père qui l’a fouetté et l’a rasé. Ce jour-là, j’ai perdu ma fille. Elle ne sortait plus, était calme, restait à la maison. Je croyais avoir réussi jusqu’à ce que je découvre qu’elle est enceinte de 2 mois. Soit 6 mois plus tard.
Aujourd’hui avec du recul, je crois que j’aurais pu mieux faire. »
La colère ou la violence peut à certains égards fonctionner. Mais, ce n’est pas la solution idéale face à la situation. Car cela peut davantage révolter l’enfant, ce qui pourrait avoir des conséquences parfois très graves telles que la nudité de votre enfant sur les réseaux sociaux.
Soyez modérés et tempérés afin de prendre de bonnes décisions et d’avoir de bonnes réactions.
A quel âge autoriseriez-vous votre ado à avoir un ou une petit(e) ami(e) ?
Après avoir interrogé quelques parents, les réponses à cette question sont assez diversifiées. Pour les uns, pas question d’avoir un petit ami avant 18 ans ou 21 ans, âge de la maturité au Cameroun.
Chez les autres, c’est uniquement après l’obtention de leurs baccalauréats. Pour d’autres encore, difficiles de se positionner et d’accepter de voir toutes ces transformations chez leurs enfants.
En effet, au-delà des conditions en termes d’âge, de niveau scolaire de l’enfant ou du refus du parent d’accepter la réalité, il est essentiel de percer l’abcès. Cela signifie que vous devez clairement aborder la question de petit ami avec votre ado et lui dire ce que vous en pensez. D’où l’importance aussi de savoir communiquer avec votre ado et le faire assez tôt.
Ainsi, l’apparition des signes de l’adolescence aussi bien chez le garçon que chez la fille est une belle occasion pour vous arrêter sur le sujet. Posez-leur des questions innocentes sur leurs amitiés à l’école, leurs rencontres etc. Intéressez-vous à ce qu’ils font et gagnez sa confiance.
Là, ils seront plus posés et plus disposés à vous écouter. Au cas où vous auriez loupé ce moment, choisissez en un autre.
Seulement, abordez l’enfant en ami, voire en conseillé et non en dictateur et en chien méchant. Que ce soit un moment de causerie avec votre enfant et pas un débat antagoniste.
Car, la manière avec laquelle vous aborderez le sujet de petit ami avec votre ado déterminera ses agissements envers vous par la suite. D’où l’importance de la minutie et de la maturité dans la causerie.
