Mettre toujours le papa en avant, ça crée des fillettes paresseuses !

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« Mettre toujours le papa en avant, ça crée des filles paresseuses ! Du moins c’est mon point de vue et mon ressenti. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai envoyé cet article à Famille 2.0.

Je suis maman Ariane et j’ai 30 ans aujourd’hui. Je suis en couple avec le papa de mes filles depuis 4 ans déjà. Nous résidons à Douala et, comme la majeure partie des parents, nous travaillons tous les deux. À la différence que je gagne plus que mon époux, pratiquement le double de son salaire.

C’est une situation qui ne nous a jamais posé de problème. Car malgré que je gagne plus, j’ai plus de temps libre que lui. Nous avons opté pour un partage de fonds donc côté financier ce n’est pas réellement un problème. Sauf pour mon entourage !

L’entourage, mieux vaut ne rien leur dire, ou si ?

commérage

Dans la société Bantou, un homme qui gagne moins que sa femme, c’est juste inacceptable. Si tel est le cas, la femme devrait vivre au niveau des revenus de son époux et son salaire, le partager avec sa famille.

Si elle contribue, cela ne doit jamais dépasser celui de l’époux. Quand cette situation arrive, pour protéger son époux des regards extérieurs, elle est obligée de mentir ! De lui attribuer des actions qu’il n’a pas posées, comme l’envoi de l’argent à un membre de sa famille. D’ailleurs, si elle donne, on considère que c’est lui qui a donné. Si elle s’habille bien, alors c’est son homme.

Bref, tout ce qui peut lui arriver ne peut être que le fruit de celui avec qui elle est. De ce fait, une femme qui ose affirmer qu’elle gagne plus que son époux ou qui s’attribue le mérite d’avoir acheté la maison dans laquelle ils vivent, ou encore subvenir aux besoins de la famille, cela fait passer l’homme pour un gigolo et la femme pour une femme qui supplie. Bon, d’après les clichés…

Ce n’est pas toujours bon pour les enfants.

Ayant grandi avec tous ces stéréotypes et bien qu’étant avec un homme qui ne correspond pas du tout à ces schémas. Je m’étais donné comme on me l’a appris, la mission de protéger mon compagnon.

Un peu trop… Lorsque je donnais de l’argent à ma mère, je lui disais que c’était de la part de son père, aux enfants pareil. Je passais le temps à leur dire d’aller voir papa ou d’attendre que papa me donne l’argent.

Ceci parce que je voulais qu’ils voient toujours en leur papa le pourvoyeur. Jusqu’à ce que je me rende compte que j’agissais très mal, surtout devant mes deux filles. Cela rend les fillettes paresseuses.

La fille de mon compagnon, âgée de 11 ans, un jour alors que je lui avais demandé d’attendre son père pour acheter son sac, sachant que c’est moi qui devais le faire, m’a répondu « Tu travailles aussi pour ton argent, n’est-ce pas ? Pourquoi c’est toujours mon père ? ».

J’ai ressenti de la douleur parce qu’en réalité, dans cette maison, tout ce qu’il y avait n’était pas le fruit du travail de son papa, mais de nous deux. Nous avions tous deux le mérite de ce résultat. Et financièrement, c’était davantage moi que lui.

En analysant son comportement, j’ai remarqué une forte tendance à croire que son père était millionnaire, qu’il faisait tout lui-même, sans aucune aide de ma part (surtout qu’on avait une ménagère). En réalité, elle croyait que « Je mangeais l’argent de son papa ». Étrangement, j’ai également remarqué que ses aspirations étaient fortement influencées par les telenovelas à la télévision, qui la poussaient à croire qu’en termes d’indépendance financière, elle n’avait rien à faire du tout.

Le problème, c’était moi.

Oui, moi. Parce que je voulais absolument que mes enfants aient un modèle qui, aujourd’hui, ne les aide pas ! Je ne souhaite pas que mes filles évaluent la valeur d’une personne, ou de leur futur conjoint, en fonction de ses possessions matérielles.

Mais c’est exactement ce que j’étais en train de créer. Je continuais à perpétuer cet état d’esprit qui les conduirait à penser qu’elles ne peuvent pas être avec des personnes gagnant moins qu’elles, ou qu’elles doivent se restreindre pour ne pas viser plus haut que leur compagnon.

Un soir, j’en ai parlé à mon conjoint. Dans un premier temps, il m’a fait remarquer qu’il ne souhaitait pas du tout que je mente à ma famille. Il ne voulait pas non plus que je mente à ses filles ou que je le couvre en leur faisant croire qu’il gérait tout.

Nos filles ne devaient pas évaluer la valeur ni l’importance de leur père en fonction de sa contribution financière, mais plutôt en fonction de son rôle en tant que conjoint et père. Elles devaient grandir en choisissant leurs conjoints en fonction de leurs valeurs, et non de considérations matérielles.

C’est pourquoi je partage cela avec les mamans.

Je sais que, contrairement à ce que l’on pense, beaucoup de mères gagnent plus que leurs époux et se sentent obligées devant leurs enfants et leur famille d’attribuer tout le mérite à l’époux.

Je ne prétends pas imposer ma leçon comme une obligation, mais je conseillerais aux femmes qui ont un époux ouvert de ne pas s’enfermer dans des situations mensongères pour satisfaire les normes de la société.

Vos enfants doivent grandir en sachant qu’il y a autant de façons de fonctionner en couple qu’il y a de couples, et que les rôles et les personnes ne se mesurent pas à leur situation financière.

Surtout, ne bridez pas vos rêves par peur de briller trop fort. »

Par mum Karéne

Vous souhaitez lire, d’autres partages d’expérience de maman, rendez-vous dans notre rubrique, ils racontent !

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