Le mensonge chez l’enfant pourquoi et que faire ?
Rassurez-vous : le mensonge fait partie du développement normal. On observe les tout premiers dès l’âge de 2 ans et, autour de 4 ans, les enfants vont se mettre à mentir de manière plus fréquente.
À cet âge-là, l’enfant prend conscience que ses parents ne peuvent pas lire dans ses pensées et qu’il dispose d’une identité propre, et donc d’une intimité.
L’apparition de cette « compétence » est bon signe car elle met en jeu toutes sortes de mécanismes psychologiques essentiels, comme la compréhension des croyances d’autrui et les stratégies de communication.
C’est vers 7 ans, quand s’éveille sa conscience du bien et du mal qu’il les différencie réellement. Le mensonge devient alors négatif et il sert du « Menteur ! Menteuse ! » à tout va.
60 % des enfants de 6 à 8 ans mentiraient occasionnellement et 20 % fréquemment.
(Source : « Mensonge et mythomanie chez l’enfant » dans Annales médico-psychologiques, 2007).
La signification psychologique du mensonge chez l’enfant
Il faut distinguer au moins trois types de mensonges :
- Les mensonges à des fins d’évitement (éviter la punition, la menace ou la pression) ;
- Mensonges à des fins de compensation (magnifier un fait banal, chercher à se rendre intéressant…) ;
- Les mensonges agressifs ou à volonté destructrice (qui révèlent parfois un désir de vengeance et soulignent l’emprise d’un conflit sous-jacent, avec de la rivalité ou un mal-être important)
Un enfant peut dissimuler certaines choses pour s’éviter des désagréments. Toutefois, il ne faut pas banaliser les mensonges qui se répètent.
Ceux-ci représentent parfois des modes uniques et permanents de communication symptomatique au sein de la famille, surtout celle où il faut garder un secret.
Au plan psychique:
le mensonge signifie toujours quelque chose. Il importe de lui restituer du sens.
- L’enfant peut mentir par intérêt : pour épater la galerie, pour attirer l’attention vers lui, se faire des amis, exprimer son besoin d’être valorisé.
- Il peut également mentir pour obtenir quelque chose ou arriver à ses fins, il apprend alors à négocier. Les bénéfices secondaires sont ici la reconnaissance de son rôle, l’affirmation de soi, etc.
- L’enfant peut mentir pour se protéger ou se défendre d’une situation anxiogène : pressions, jeux d’influence, risque de punition, menaces, etc.
- Il peut mentir pour éviter une responsabilité ou encore face à l’angoisse devant un obstacle, par peur de l’échec, ou écrasé par un sentiment de faute.
- Mais l’enfant peut également, pris dans des conflits entre ses adultes tutélaires, mentir par soumission au désir de l’autre, ou par imitation, intimidation, par sacrifice.
Mensonges « blancs »
Faut-il pour autant encourager cette aptitude naturelle ? Ces dernières années sont apparues de nombreux jeux de société basés sur le bluff, où pour gagner, il faut savoir leurrer les autres avec assurance. Sans compter l’influence des médias (exemple le dessin animé ANGELO LA DEBROUILLE)
Mais sachez que : laisser passer, dans la vie quotidienne, les mensonges de l’enfant, même les plus insignifiants, revient à l’encourager à nous duper »
Il est nécessaire d’apprendre à l’enfant à distinguer les « bons » des « mauvais » mensonges : les premiers servent à « préserver le lien, à ménager les sentiments d’autrui » quand les seconds « mettent en danger, soi-même ou les autres, et abîment en profondeur la relation ».
Très tôt, les parents transmettent à l’enfant des règles de savoir-vivre : par politesse, mieux vaut ne pas dire à mamie que son cadeau ne nous plaît pas, ou éviter les commentaires désobligeants sur la tenue des gens…
Ces mensonges « blancs », fréquemment utilisés par les adultes, assouplissent les rouages de la vie sociale, à condition d’être maniés avec parcimonie.
Faute avouée à demi pardonnée
Comment, dès lors, réagir face aux mensonges enfantins ? Tenter d’en comprendre les raisons semble essentiel. L’enfant a-t-il peur de ne pas pouvoir assumer la sanction ?Dans ce cas, les règles familiales doivent être sans surprises, et les punitions proportionnées.
Craint-il que son image soit écornée, qu’on ne l’aime plus comme avant une fois la vérité révélée ? « S’appuyant sur le principe “Faute avouée à demi pardonnée”, on doit convaincre l’enfant qu’on aura toujours de l’estime pour lui », et ne jamais le réduire à ses comportements : il a menti mais le traiter de menteur lui colle une étiquette qui l’enferme »
Certains ont une estime de soi si fragile qu’ils inventent des histoires dont ils sont les héros et à laquelle ils finissent parfois par croire.
Dans la petite enfance, de telles affabulations, qui visent surtout à attirer l’attention, sont facilement repérables et prêtent à sourire : l’un assure avoir terrassé un lion en Afrique, l’autre a construit une fusée spatiale dans son jardin…
En grandissant, toutefois, ces petits arrangements avec la réalité se révèlent nocifs. Un décalage se crée entre ce que l’enfant aimerait être et ce qu’il est.
L’illusion qu’il entretient ne va l’aider ni à se construire, ni à s’améliorer. Si l’enfant prend l’habitude de mentir et qu’il le fait « sans affect », autrement dit sans réactions émotionnelles, il est préconisé de faire appel à un tiers, un proche en qui l’enfant a confiance, ou un psychologue.
Mais gardons à l’esprit que, l’enfant ment parce qu’il ignore la différence entre l’imaginaire et la réalité, parce qu’il méconnaît la frontière entre le bien et le mal ou simplement parce qu’il n’a pas encore trouvé d’autre moyen pour régler une difficulté.
Aussi, lorsqu’on le surprend en flagrant délit, se mettre en colère et le forcer à avouer se révèle souvent contre-productif : l’enfant se braque et se referme sur lui-même.
Mieux vaut lui assurer que l’on comprend son problème, qu’il ne sert à rien de dissimuler la vérité, et réfléchir avec lui à des solutions (réparer sa bêtise, présenter des excuses…).
« C’est l’occasion d’apprendre à ne plus mentir. Saisissons-la comme un outil d’apprentissage », conclut Christophe Carré, qui conseille aux parents, à chaque fois que l’enfant dit la vérité, de lui dire combien ils sont sensibles à son honnêteté et à sa franchise.
Transmettre à l’enfant les valeurs de confiance, de loyauté, faire de ses enfants des « hommes et femmes de parole » est un travail de longue haleine.
Des déficiences de sa structure psychique peuvent également induire ce que l’on nomme le « mensonge pathologique » présent dans les tableaux cliniques suivants : la débilité intellectuelle, la psychopathie, les perversions ou les troubles narcissiques.
Quand faut-il s’inquiéter des mensonges de son enfant ?
Quand le mensonge devient pathologique, il peut y avoir lieu de s’inquiéter. En effet, un enfant qui utilise le mensonge comme un art de vivre peut cacher un réel mal-être.
Qu’est-ce que la mythomanie infantile ?
La mythomanie, également connue sous les termes de “mensonge pathologique » est un trouble du comportement dans lequel l’individu ment de forme compulsive. Une personne mythomane choisit consciemment le mensonge pour exprimer leur réalité. Dans la plupart des cas, elle croit réellement aux mensonges qu’elle dit.
Il ne s’agit pas d’une maladie mais d’un trouble psychologique. Dans le cas des enfants, il n’est pas si simple de le diagnostiquer. En effet, ils inventent souvent des histoires ou ils ont beaucoup d’imagination. C’est pourquoi les symptômes pourraient ne pas être détectés immédiatement.
Quelles sont les caractéristiques des enfants atteints de mythomanie infantile ?
En règle générale, les enfants avec ce type de trouble idéalisent leur réalité.
Ils mentent à tout-va, ils inventent des histoires et s’énervent quand on n’y croit pas. Leur mensonge diffère d’une personne à l’autre, leur récit varie en fonction de l’auditeur.
Ces enfants mentent sans raison, pas seulement pour se sauver de certaines situations. Par exemple, si un enfant casse un vase, il pourrait dire que ce n’est pas lui qui l’a cassé.
En revanche, un enfant mythomane mentira sans même avoir cassé le vase. “L’enfant menteur ment pour se protéger ou se sauver dans une circonstance. En revanche, le mythomane ment de forme compulsive et par moment, ses mensonges s’avèrent ridicules ou absurdes ».
Sachez que la plupart des enfants mentent de temps en temps, c’est quelque chose de normal. Si votre enfant choisit néanmoins un mensonge pour chaque situation, il est peut-être atteint de ce trouble.
Quel est le traitement ?
En règle générale, les enfants qui commencent à mentir de forme compulsive sont en train de traverser un état de peur émotionnelle ou d’anxiété. Ils se mettent à mentir par réaction à une situation et cela devient ensuite une habitude.
L’important est ainsi de découvrir la cause pour laquelle ils mentent pour pouvoir les aider à la surmonter. Si vous découvrez que votre enfant présente ce type de comportement, il vaut mieux recourir à un professionnel.
En outre, voici quelques conseils utiles :
- Prenez note des fois où il ment. Écrivez le moment de la journée, la cause apparente et l’état émotionnel de l’enfant. Le moindre détail vous aidera à déchiffrer le motif de ce comportement. Ces informations guideront également le professionnel pour déterminer un modèle de comportement.
- Réagissez calmement. Découvrir votre enfant en train de mentir peut s’avérer exaspérant mais vous ne devez pas vous fâcher. Montrez-lui plutôt votre mécontentement envers le fait qu’il mente.
- Ne le punissez pas lorsqu’il regrette et dit la vérité. Montrez-lui votre joie à propos de sa décision de ne plus mentir. Récompensez la vérité et assurez-lui qu’il ne sera pas puni si cela se reproduisait.
- Aidez-le à comprendre que le mensonge ne le sauvera d’aucune situation. Toutes ses actions ont des conséquences qu’il devra, tôt ou tard, assumer. Encouragez-le à prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses actes, sans recevoir une punition.
Conséquences du mensonge pathologique
Les mensonges constants d’un enfant vont créer des tensions à l’intérieur de la famille et entraîneront un manque de confiance envers l’enfant. Il faut éviter de douter de tout ce qu’il dit. En effet, même s’il dit la vérité, il se sentira jugé. Il ne verra pas la différence entre être sincère et mentir.
Les relations sociales d’un enfant qui ment de façon compulsive se verront affectées au fur et à mesure que ses camarades découvriront qu’il ment. Il commencera à se sentir exclu. Cela affaiblira son estime de soi et il mentira davantage pour couvrir cette situation.
Si on ne corrige pas la mythomanie infantile, l’enfant se transformera en un adulte qui ment sans raison. Il utilisera le mensonge comme un mode de vie. Il mentira pour gagner la sympathie des autres et il transformera les faits en une version embellie de l’histoire.
Les mythomanes en arrivent à croire chacun de leurs mensonges et ils ont du mal à s’adapter au monde réel. C’est pour cela que la plupart d’entre eux ne parvient pas à se conformer à leur travail, leurs amitiés ou à leur famille.
Vous pouvez éviter que la mythomanie infantile n’entraîne des conséquences plus graves si vous essayez de résoudre la ou les cause(s) qui pourrai(en)t entraîner ce trouble chez votre enfant. Soyez attentif à ses comportements et n’hésitez pas à vous impliquer et à l’aider le cas échéant.
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MBALLE serge christel
Source : Extrait du livre “J’ai tout essayé” d’Isabelle Filliozat ; revue-enfances-et-psy-2011-4-page-87 la-croix.com ; etreparents.com ;